APPEL à DEBAT
(Jeu de société dans le
jeu de Société) :
REGLE DU JEU :
Art 1 : On peut
changer les règles du jeu.
Je propose une règle, mais chacun peut la
reprendre, la modifier de
fond en comble, et la proposer autrement. Quelle qu’elle soit, il lui
est
demandé de l’accepter temporairement, « par
procuration ».
C’est le seul impératif du jeu. Encore n’est-il
qu’hypothétique.
Faisons en sorte que la maxime de notre action puisse valoir pendant
quelques
instants, et sur un territoire compatible avec le minimum décent
d’écologie,
comme principe régulateur de nos fragiles existences sociales et
psychologiques.
Corolaire : La loi n’est qu’une humeur,
une manière, un style.
Art 2 : Objet :
La libre parole est le premier phénomène considéré.
Corollaire : L’autorité dans le jeu mais
aussi comme telle et
comme concept, pourrait n’être au fond que l’aptitude à changer les
règles du
jeu sans en détruire la structure fragile.
Art 3 : Essence du
jeu :
La structure de parole collective, et donc de
rencontre fomentée par
le jeu, ne crée pas une association. C’est une structure molle,
virtuelle,
idéale et fantasmatique, à peine existante. Elle repose sur le désir et
non sur
la nécessité, le seul « principe » de son
fonctionnement étant celui
de l’échange civil et critique des jugements de chacun dans un
collectif
informel et fonctionnant le plus possible en réseau, non aliéné aux
dictats de
la domination et de la représentation psychologique et politique.
Finalité :
Il s’agit d’éprouver collectivement les effets de
la pensée ou de la
réflexion, émancipées des lois du marché de la représentation,
c’est-à-dire de
ce qui peut rapporter des places, des postes, des sous, du crédit, des
bénéfices occultes ou secondaires. Le groupe, quelque réduit et
temporaire
qu’il soit, est invité à exprimer ses pensées de la façon la plus libre
possible.
Mais au-delà de l’expérience vécue et de la
rencontre, l’intérêt de la
démarche et de l’enregistrement, me semble résider dans la possibilité
(certes
très présomptueuse en l’état actuel des choses) de réaliser un (ou
plusieurs)
archivage thématique et conceptuel constituant pour les acteurs locaux
(ou
lointains) une base de donnée parlante et visagéïtaire, qui
présenterait
l’avantage par rapport à toutes les formules d’échange et de
communication déjà
existantes, notamment sur le Net, de promouvoir un type de débat à la
fois « visible »
et non rabattu par les groupes constitués et par les intérêts des
groupes
constitués.
Méthode :
Seule compte donc la libre expression si cette
expression a un sens.
Chacun est par principe convié à parler sans autorisation, si bon lui
semble, et
autant que nécessaire pour dire sa pensée. Il va de soi que dans ce
contexte la
première précaution à instaurer en règle du jeu (jeu moral) consiste
dans la
nécessité d’éviter toute coupure de parole (ce dont je suis conscient
d’être
moi-même un dangereux fauteur. Puisse ce jeu innocent me rappeler
aux
règles élémentaires de bon comportement).
Le principe de références bibliographiques, de
citations, serait
toujours bien venu de la part de chacun et sur chaque sujet, mais ne
doit en
aucun cas constituer une obligation et en aucun cas non plus altérer la
liberté
du débat en soi. Il pose le problème de la lecture en public qu’il faut
à tout
prix éviter : le temps de parole n’est pas compté mais aucune
prise de
parole ne doit être prise d'otage de ceux qui écoutent.
Corolaire 1 : L’avantage de cette machinerie virtuelle doit être de permettre toujours et pour tout jugement, un droit et un pouvoir de réponse, immédiat ou différé.
Corolaire 2 : « Il
est explicitement attendu des participants par les
participants eux-mêmes et sur chaque sujet proposé, une attitude de
recherche
et d’argumentation intellectuelle qui ne sombre pas dans la production
systématique et polémique de jugements de valeurs ou de jugements
affectifs
assenés sans discernement pour le seul plaisir de la joute
oratoire. »
Art 4 :
Contenu :
Sujet proposé et supposé:
Il
s’agit de débattre de sujets proposés par
quiconque, et
d’enregistrer si possible la totalité du débat en couvrant le plus
grand nombre
possible de participants sans soumettre à une quelconque autorité ou
décision
partisane, les règles de prise de parole et celles de la prise
d’images.
L’optique serait ensuite la mise à disposition des fichiers aux
participants avec
l’autorisation formelle d’en diffuser tout ou partie sur le net en lieu
et
place qui leur plairont. Mais dans l'état actuel de la machine et pour
en maintenir le conatus, il est au contraire demandé aux
participants de respecter un principe de réserve et de non diffusion
des fichiers réalisés, et cela d'une manière définitive tant qu'un
désir collectif collectif de diffusion ne sera pas obtenu d'un
collectif ou d'un groupe sur un sujet donné et convenu à l'avance
collectivement.
Thématique :
Je propose une liste de thèmes. On pourrait en
proposer quelques-uns
par rencontre, ma liste n’étant qu’indicative. Chacun pourra produire
la sienne.
Il n’y a par ailleurs aucune obligation à traiter
dans les faits les
sujets proposés en théorie.
Corollaire : Le « hors
sujet » en tant que modalité de
refoulement et que censure scolaire ou juridique, devient par là-même
hors
sujet, nul et non avenu, inopposable, et toute cette série de négations
qui
font toute l’autorité des scolarques de l’institution représentative.
Matériel :
Il est virtuellement mis à disposition des acteurs
par le désir du ou
des initiateur(s)(trice)(s), donc il ne fait pas l’objet de
nantissement au
capital de la société qui se retrouve par voie de conséquence toujours
égal à
zéro.
Il comporte :
Une table ronde un peu grande.
Une caméra produisant des fichiers informatiques
les plus réduits
possible où on puisse voir l’expression des visages et avoir un son pas
trop
mauvais.
Un plateau rotatif pour
couvrir tant bien
que mal la totalité des acteurs.
Un éclairage suffisant.
Temporalité ou
« kantité »:
L’occurrence, l’espacement et le rythme des
rencontre est soumis au
bon vouloir des initiateurs (trices).
Corollaire « a » : La
limite inférieure est
conditionnée par l’existence d’un désir collectif de parole.
L’espacement étant
actuellement proche de l’infini et le rythme près du zéro.
Corollaire « b » : La
limite supérieure tout à fait
hypothétique pour l’instant est conditionnée en théorie par
l’instrument
technique (nombre de personnes susceptibles de tenir autour d’une table
ronde
réelle où on ne mange pas), mais aussi par une sorte de règle
hypothétique de
bon sens optimisant la qualité du débat. Cette règle mystérieuse est
d’ailleurs
de l’ordre de la torsion, du rond, du cercle, de l’arrondi.
Art
5 : Les
sous-sous :
Pas de cadeau, pas d’intérêt, pas de cotisations,
pas de spéculation
autre qu’intellectuelle, pas de création de valeur, pas de gratuité ni
de
grâce… Et par-dessus tout pas de subventions !
Art 6 : Organisation
:
Il n’y a pas de modérateur. N’importe qui peut
initier une rencontre.
Pas plus qu’il n’y a de consigne de modération, ce
qui est la voie
royale du refoulement, de l’interdit et en définitive, de la répression.
Par ailleurs, La machine ne
présente pas les participants.
La machine ne coupe pas le flux du discours, ni la séquence des
questions et
des réponses, mais la machine se met
« naturellement » en apnée au et
dés le moment où c’est intéressant pour sa survie.
Corollaire «
a » : La seule
consigne tacite ou explicite est celle du respect des règles de bonne
société
ou des bonnes règles de société, qui stipulent la mesure, mais la
mesure sans
modération. La mesure des jugements et non la modération des jugements.
C’est-à-dire la critique des conditions du jugement et non le
refoulement de la
possibilité de cette critique.
Corollaire« b » : En dehors de celles qui favorisent le débat,
aucune
règle d’appartenance ni de bonne conduite n’ordonne la formation d’un
groupe de
discussion.
Corollaire« c » : Chacun peut venir seul ou si
possible accompagné,
et de qui bon lui semble en accord avec l’initiateur de la
rencontre pour satisfaire aux contingences matérielles d’organisation.
Venir plutôt
avec qui fait plaisir.
Art 7 : Fichiers:
Les fichiers des enregistrements vidéo sont tenus à
disposition des
participants si possible dès leur réalisation.
Art 8 :
Publicité :
La machine de jeu idéalise la mise en "public" de ses contenus mais ne fait pas de
publicité pour
s’assurer une production ou pour écouler celle-ci. Elle peut et doit
par contre
y recourir pour assurer sa survie, comme pis-aller. Son fonctionnement
est
public dans l’intention, mais il est aussi privé : Chacun peut convier
qui il
souhaite en tenant compte de l’implication et de la civilité de ses
invités, dans
les limites pratiques du dispositif à préciser avec l’initiateur
(trice) de la
rencontre.
Corollaire :
C’est d’ailleurs implicitement une des finalités de
l’objet que de
mettre en évidence pratique les effets d’aliénation que la dialectique
positive
de la partition en concepts « public » et « privé » génère dans le
monde du jeu,
c'est-à-dire dans le monde qui conditionne la possibilité qu’un tel jeu existe
ou n'existe pas.
Art 9 : N’allons
pas au-delà de l’article 9.
Etat
de la règle au 29 Novembre 2009